Sur ce morceau de terre au bord de l’eau a été bâtie une villa romaine, un affichage de luxe et de débauche d’arts et de matières nobles, vers la fin du 2e siècle. Des travaux archéologiques ont permis d’identifier les salles, les volumes, les matières et les techniques et très peu de lieux en France peuvent s’enorgueillir de receler un tel patrimoine historique architectural et artistique. Le magazine Archeologia N°475 de mars 2010 parle même de patrimoine unique en Gaule.
Tout à l’ouest de l’empire romain, on peut essayer d’imaginer le faste déployé ici pour se rappeler Rome. André Daviaux s’y est employé à travers un magnifique roman poétique, Mané Véchen.
Cet été j’ai eu la chance de pouvoir découvrir les lieux accompagné par Marina, guide de son état, qui oeuvre ici au quotidien l’été ou sur commande au delà. On est donc entré dans la partie commerciale de la villa par la porte principale, au sud. Ah oui, ce qui reste visible ici représente la partie commerciale de la villa, un lieu dédié au commerce du blé. Les thermes et l’habitation du propriétaire ont disparu. Mais grâce aux explications joyeuses de mon guide, les murs, couloirs, salles et jardins ont repris leur place dans le présent…
Et puis j’imagine le propriétaire en discussion avec quelques acheteurs dans les exédres, ces salles de palabre qui donnent sur la grande cour et regardent vers l’est. Peut-être que certains fournisseurs sont encore dans la salle de réception proche de l’entrée, à l’abri des hauts murs de la villa, s’apprêtant à se restaurer après le voyage qui les a conduit jusque là, dans cette grande salle chauffée par hypocauste ( de petits couloirs souterrains reliés à un foyer diffusant la chaleur dans le sol et le long des murs via les tubuli ).
Une pièce pour la cuisine, une autre pour la nourriture, une autre pour entreposer les sacs de blés prêts à la vente, issus du grand silo… Un grand jardin rectangulaire doté de murs de 6 mètres de hauteur ( les romains d’un certain rang social redoutent la coloration de la peau liée au soleil, apanage de l’esclave ), recèle en son angle sud est un grand banc circulaire devant lequel l’orateur du moment tient son public en même temps que sa vue se nourrit des plantes, bosquets, aménagements paysagers en arrière plan.
Plus tard le propriétaire se rendra dans le patio, remplir ses jarres cachées en terre des gains de la journée, avant de se diriger vers le tablinum, bibliothèque et bureau pour mettre à jour ses registres.
Amusant de pouvoir se projeter près de 2000 ans en arrière, d’imaginer qu’ici…
Il est prévu prochainement que les travaux de restauration reprennent afin de redonner aux murs non pas leur hauteur initiale mais au moins celle correspondant à la première approche archéologique.
D’ici là, n’hésitez pas à vous laisser guider .
Un dernier détail : Marina dispose de son propre espace de fouille, dans lequel elle cache à l’occasion quelques trésors pour inviter les enfants à jouer les archéologues en culottes courtes ! La visite est gratuite…
http://www.mane-vechen.info
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