C’est un sentiment confus qui m’a parcouru à la veille du printemps. Nous voici au cimetière du Magouër, Galerie des Carcasses Magnifiques, stage photo un samedi matin sur les ailes de la Ria.

Surprise bleue sur fond bois. Les tagueurs sont revenus, après la face B jaunie, voici la face A.

Je savais que la réalisation du Kraken finirait par en attirer d’autres, éventuellement moins esthétiques…

Le ciel est gris et lumineux, ça fait ressortir les bleus. J’ai pris un peu de recul physique, une vingtaine de mètres, pour essayer de décanter ce que ça m’inspire. Il va falloir plus de temps, là, je ne peux pas m’éterniser, il y a stage, on continue la balade, mais quelque chose m’interpelle, positivement. Quelque chose qui me donne envie de m’assoir pour m’imprégner du lieu. Il existe une harmonie graphique…

J’y suis revenu et j’ai pris le temps. J’ai vu les grafs et les tags des espaces désaffectés des grandes villes cheminer jusqu’à nous, maculer la peau des bateaux, là juste au bord de l’eau, dans un lieu naturellement sculpté par les aller-retours des flots et des vents.

Ce grand bateau qui n’a jamais navigué sauf pour être amené à l’échouage, perpendiculaire au fil de l’eau, afin de protéger le skipway du chantier naval de l’ensablement.

Graf ou tag ? Ca semble une signature mais la recherche graphique est bien présente : les typos rondes et joyeuses, les traits de soutien, les fonds chiffonnés de couleurs vives… La dimension artistique ne fait aucun doute.

Je passe souvent ici, je vois ces structures de bois se détériorer inéluctablement et j’en éprouve parfois un sentiment attristé. Aujourd’hui je trouve cet espace plus vivant. Et pourquoi pas une fresque trompe l’oeil ?

Au risque de me répéter, voici un lien vers un article passé, une trace du passage de certains artistes qui avaient déjà pris les coques comme support mais avec le respect de l’éphémère.